(Psaume 22 : Les souffrances et la gloire du Sauveur)
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » – ces mots bouleversants, prononcés par Jésus sur la croix, résonnent à travers les siècles. Ils ouvrent le Psaume 22, l’un des textes les plus profonds de toute l’Écriture. Un psaume de lamentation… un mot que nous n’aimons guère. Nous préférons les chants de victoire, les prières de foi et les proclamations de puissance. Mais la lamentation biblique est bien plus qu’une plainte : c’est un acte d’espérance enraciné dans la relation avec Dieu.
Dans la Bible, se lamenter, c’est refuser le déni de la souffrance, mais aussi refuser le désespoir. C’est choisir de parler àDieu, non contre Lui. C’est venir tel que nous sommes, les larmes aux yeux, les mains vides, mais le cœur tourné vers le Ciel. La lamentation est une forme de prière qui nous garde vivants dans les temps de silence et de douleur.
David, dans ce psaume, traverse un abîme : le mépris, la solitude, la peur, la honte. Et pourtant, au milieu du désespoir, il se souvient : « Pourtant, tu es le Saint, tu sièges au milieu des louanges d’Israël. » Même quand il ne comprend pas, il continue de s’adresser à Dieu. La foi véritable ose dire la vérité du cœur sans maquillage.
Ce psaume, écrit mille ans avant la croix, prophétise les souffrances du Christ : « Ils ont percé mes mains et mes pieds », « Ils se partagent mes vêtements ». Jésus, le Fils de Dieu, a repris ces paroles dans Sa bouche pour assumer la lamentation ultime – celle du juste abandonné, du Fils portant le péché du monde. Mais au cœur de ce cri d’abandon, il y a déjà une promesse : Dieu n’est pas absent. Il prépare la résurrection.
Et soudain, le ton du psaume change : « Tu m’as répondu ! »
Le cri de douleur devient cri de louange. La lamentation se transforme en témoignage. Celui qui pleurait proclame désormais la fidélité de Dieu : « J’annoncerai ton nom à mes frères, je te célébrerai au milieu de l’assemblée. »
Voilà le chemin de la foi : de la souffrance à la louange, du désespoir à la proclamation, du “Pourquoi ?” au “Tu m’as répondu !”. Ce mouvement est celui de la croix et de la résurrection.
Frères et sœurs, notre monde a besoin d’une Église qui sait encore pleurer — non pas par faiblesse, mais par compassion. Une Église qui ose crier à Dieu dans la douleur, mais qui choisit aussi de se lever pour chanter : Tu m’as répondu !
La lamentation n’est pas la fin de l’histoire. Elle est le prélude à la gloire.
Philip Alcock